Potosi

Publié le par larutalatina.over-blog.com

Potosi 1241En arrivant à Potosi pour la première fois, qui pourrait penser que cette ville chaotique était autrefois la plus riche des Amériques ? Au-dessus du centre-ville bariolé se dresse le Cerro Rico (« Mont Riche »), cône parfait d’où fut tirée une bonne partie des immenses réserves d’argent qui firent la fortune du royaume d’Espagne. On estime d’ailleurs que l’on pourrait construire un pont depuis Potosi jusqu’à Madrid entièrement en lingots d’argent arrachés à cette montagne.


Accompagné de Nikolas et Sanne (les danois connus à Uyuni), je décide d’aller visiter les mines coopératives, où travaillent encore des milliers de personnes. Nous faisons un premier arrêt au marché des mineurs, un immense fourre-tout où l’on trouve des bâtons de dynamite, des lampes frontales, des piolets, ainsi que des bouteilles d’alcool à 96% (« alcool potable », assure l’étiquette), piètre mais efficace réconfort pour ces travailleurs de l’extrême. Comme il est d’usage d’offrir quelques objets aux mineurs, nous achetons également un grand sac de feuilles de coca et plusieurs boissons fraîches.

 

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Une fois habillés de la tête aux pieds, nous entrons dans une des 200 mines du Cerro Rico, guidé par Reynaldo, un ex-mineur. Il fait chaud et devons avancer courbés, le tunnel n’étant haut que d’1m60. Plus nous avançons dans les profondeurs de la montagne, plus il devient difficile de respirer : les nombreuses poussières piquent la gorge et les yeux, et l’altitude à laquelle nous nous trouvons (4500m) rend tout effort épuisant. L’eau nous arrive parfois jusqu’aux genoux et le sol glissant nous oblige à nous aider d’un câble ancré à la roche. De temps à autre, nous percevons de puissantes explosions de dynamite témoignant de l’activité des mineurs dans les galeries adjacentes.

 

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Cette univers est tellement proche de l’Enfer tel que l’on peut se l’imaginer que les mineurs ont pris l’habitude d’ériger dans chaque mine un autel dédié au « Tio » (« l’Oncle »), gardien du monde souterrain et garant de leur bonne fortune. Chaque jour, les mineurs lui font des offrandes (cigarettes, alcool, coca) ou le remercient pour les faveurs accordées.

 

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Sur le chemin, nous croiserons plusieurs mineurs, heureux de rencontrer des visiteurs et de recevoir quelques cadeaux auxquels ils ont difficilement accès normalement. En 2011, même si la situation des mineurs s’est améliorée par rapport à l’époque de la colonisation (où en moyenne 40 000 personnes mourraient chaque année dans les mines), les conditions de travail demeurent extrêmement précaires : la plupart des mineurs meurent de silicose avant 48 ans, alors que la retraite n’arrive qu’à 65 ans. Beaucoup d’adolescents y travaillent pour aider financièrement leur famille et parce qu’il est presque impossible d’exercer un autre métier lorsque l’on n’a aucune qualification. Pourtant, personne ne se plaint, et l’on peut lire de la fierté sur ces visages couverts de poussière.

 

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Après 2h d’efforts, nous sortons enfin de la mine, épuisés et trempés. Nous venons de vivre le quotidien des mineurs de Potosi, et ne les regarderons plus jamais de la même façon ; malgré la brutalité de cette plongée dans l’enfer souterrain, nous y avons trouvé de la joie et beaucoup d’espoir. Chaque sourire arraché à ces visages burinés force l’admiration et nous donne une vraie leçon de vie. Comment ne pas relativiser ses problèmes quotidiens après une telle expérience ?


Les jours suivants seront heureusement plus routiniers : nous nous promènerons à travers le magnifique centre historique, parsemé de galeries suspendues et de maisons à patios, et visiterons le Palais de la Monnaie où étaient autrefois frappées les pièces espagnoles, grâce à de gigantesques presses actionnées à la force de mules et parfois d’esclaves. C’est le plus grand bâtiment construit par les espagnols sur le continent américain, et il est magnifiquement conservé.


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Nous assisterons également au concert d’un fameux groupe de rock bolivien (« Maria Juana »), dont les flûtes de pan feront danser des familles entières jusqu’à tard dans la nuit. Quatre jours après notre arrivée, nous prenons finalement le bus en direction de Sucre, ancienne capitale de Bolivie qui ne se trouve qu’à 3h de route.

 



Llegando a Potosi por la primera vez, quien podría pensar que esta ciudad caótica era antes la más rica de América? Encima del centro multicolor emerge el Cerro Rico, cono perfecto de donde fue sacada la mayoría de las reservas inmensas que hicieron la fortuna del reino de España. Se estima que se podría construir un puente desde Potosí hasta Madrid solamente con lingotes de plata arrancada a esta montaña. 


Acompañado por Nikolas y Sanne (los daneses conocidos a Uyuni) decido visitar las minas cooperativas donde todavía trabajan miles de personas. Hacemos una primera parada en el mercado de los mineros, donde se puede encontrar bastones de dinamita, lámparas frontales, palas y también botellas de alcohol de 96% (“alcohol potable” asegura la etiqueta), consuelo insano pero eficaz para estos trabajadores del extremo. Como es la costumbre regalar objetos a los mineros, compramos una bolsa grande de hojas de coca y algunas bebidas frescas.

 

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Una vez vestidos de arriba abajo, entramos en una de las 200 minas del Cerro Rico, guiado por Reynaldo, un minero reconvertido en el turismo. Hace calor y como la galería solo mide 1m60 de alto tenemos que avanzar curvados. Más profundos entramos en la montaña, más nos cuesta respirar: el polvo de las paredes pican los ojos y la garganta, y la altura a la cual estamos (4500m) hace cada esfuerzo cansador. En algunas partes el agua nos llega hasta las rodillas y el suelo resbaloso nos obliga a caminar con la ayuda de un cable anclado en la roca. De vez en cuando percibimos potentes explosiones de dinamitas, testigos de la actividad de los mineros en las galerías adyacentes.


Este universo es tan cerca del Infierno tal como lo podemos imaginar que los mineros tienen la costumbre de erigir en las galerías una escultura representando el “Tío”, guardia del mundo subterráneo y protector de los mineros. Cada día le hacen ofrendas (alcohol, cigarros, coca) o le agradecen por las favores otorgadas.


En el camino, nos cruzaremos con varios mineros contentos de conocernos y de recibir algunos regalos a los cuales no tienen acceso normalmente. Aunque la situación de los mineros se ha mejorado mucho desde la época de la colonización (cuando alrededor de 40 000 personas se morían cada año en las minas), las condiciones de trabajo permanecen muy precarias: la mayoría de ellos mueren de silicosis antes de los 48 años, mientras la jubilación solo llega a los 65 años. Muchos adolescentes trabajan allá para ayudar a su familia y porque es muy difícil ejercer otro tipo de trabajo cuando uno no tiene ninguna cualificación. Sin embargo nadie se queja, y mirando estas caras cubiertas de polvo se puede leer un cierto orgullo.


Después de 2h de esfuerzos por fin salemos de la mina, agotados y mojados. Acabamos de vivir el cuotidiano de los mineros de Potosí, y nunca más los miraremos de la misma manera: a pesar de la brutalidad de esta inmersión en el infierno subterráneo hemos encontrado alegría y mucha esperanza. Cada sonrisa arrancada a estos rostros surcados inspira la admiración et nos da una verdadera lección de vida. Como no relativizar nuestros problemas cuotidianos después de una tal experiencia?


Afortunadamente los días siguientes serán más rutinarios: pasearemos a través del hermoso centro histórico, llenado de galerías suspendidas y de casas con patios, y visitaremos el Palacio de la Moneda, donde eran fabricada las piezas españolas gracias a prensas gigantescas accionadas por mulas y a veces esclavos. Es el edificio más grande construido por los españoles en todo el continente americano, y es todavía muy bien conservado.


También asistiremos al concierto de un grupo de rock boliviano famoso, los “Maria Juana”, cuyas zampoñas y quenas (flautas andinas) harán bailar familias enteras hasta tarde. Cuatro días después de nuestra llegada, ya es hora de tomar el bus hasta Sucre, antigua capital de Bolivia que queda a solamente 3h de camino.

Publié dans Bolivia

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